Ainsi s'exprime Michel Legros-Colllard (1923-2008), ancien ingénieur du Génie civil, dans son ouvrage L'homme, ce constructeur de génie, tome 1 (éditions Miroirs du Sud, 2006), dans lequel il retrace l'histoire de l'architecture.
Le parchemin en question, l'auteur l'a découvert (presque) par hasard, en 2003, dans une vitrine abandonnée du musée du Caire. Sur ce support en matière végétale, de 80 cm sur 30 cm, "un dessin représentait l'installation d'engins préfabriqués en rondins de bois, permettant d'empiler les pierres pour la construction des pyramides". (op.cit. p.81) Pressé par le temps et l'horaire de fermeture du musée, Michel Legros-Collard n'a pas eu la possibilité de demander les autorisations nécessaires pour un examen plus approfondi du document. Grâce à son regard d'expert des techniques de construction, il a pu toutefois recopier le contenu du manuscrit sur un carnet de notes, pour l'étudier plus en détail dès son retour en France.
Avant de reproduire la configuration de cet engin, l'auteur distingue deux phases principales dans la construction de la pyramide.
La chèvre de levage
La première était l'édification du noyau central, dit "résistant", de forme carrée : ce "pylône", faisant office de contrefort et assurant la stabilité de tout l'ouvrage, était destiné à répartir les efforts dus aux pierres de remplissage prenant appui sur les quatre faces du noyau. Et l'auteur de noter en passant que "l'implantation de la maçonnerie du noyau central renfermait un réseau de couloirs intérieurs étroits et en pente (20° à 45°) nécessaires pour arriver aux niveaux des chambres prévues pour recevoir les sarcophages".
Au cours de son élévation, le noyau jouait le rôle d'auto-échafaudage : une chèvre de levage, qui y était installée et progressivement déplacée d'assise en assise sur un lit de pierres, permettait de hisser et mettre en place les blocs de pierre. Cette chèvre de levage était construite avec deux cadres de bois ou portiques, l'un étant fixe et triangulé pour répartir les efforts sur la base, l'autre, rectangulaire, étant mobile à l'intérieur du portique précédent et recevant le câble de manutention :"La translation des pierres était réalisée dès qu'elles parvenaient au niveau de la plate-forme. [La] possibilité de basculer [du cadre mobile] permettait ainsi de déposer les blocs à la demande sur toute la surface." (p.89)
Le chevalet
Une fois le noyau résistant terminé, la chèvre de levage n'avait plus aucune utilité. Elle était démontée et remplacée par la "trouvaille" du musée du Caire : un chevalet. La deuxième phase de la construction de la pyramide pouvait alors commencer, pour la mise en place des pierres de remplissage et des blocs de revêtement,
D'emblée, Michel Legros-Collard est convaincu que le chevalet en question "est le seul à pouvoir répondre aux exigences de l'organisation du chantier et à prendre en compte le principe de maçonneries sans échafaudage ne pouvant s'adapter à la pente de 51° des faces du sanctuaire". (p.85)
Cet engin de levage, manœuvré par la force musculaire, avait la forme d'un chevalet triangulé, fabriqué avec des poutres de bois de sections importantes. Il était doté de trois rouleaux pour guider les câbles de levage, ceux-ci étant tressés en fibres végétales de section importante, pour résister aux efforts de tension, et de grande longueur. "Installé sur la plate-forme la plus haute du noyau central, le chevalet équipé de son câble de levage en fibres végétales comportait un contrepoids destiné à soulager les efforts de traction des équipes chargées de son maniement. Une élingue accrochée au câble principal, dont la longueur était déterminée suivant l'emplacement des zones de pose, supportait à son extrémité un système de pinces capables de maintenir les pierres pendant leur transfert." (p.90)
Ultime astuce : le chevalet comportait également une partie mobile, invention "tout simplement géniale pour l'époque". Ce cadre mobile à deux rouleaux, glissant sur le socle fixe du chevalet, augmentait la portée des câbles porteurs.
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L'avantage d'un tel système de levage, Michel Legros-Collard insiste sur ce point, était qu'il permettait non seulement de hisser des blocs de pierre, mais aussi de les poser directement à leur place définitive, sur toute la surface de l'édifice.
Le parchemin auquel fait référence Michel Legros-Collard a (aurait ?) été authentifié par les Grecs en l'an -420.
Je ne suis malheureusement pas en mesure de vérifier cette information, et Michel Legros-Collard n'est plus là pour me la confirmer, ni pour me donner des informations supplémentaires sur sa découverte.
Je sais simplement, par Le Républicain Lorrain du 18/07/2007, que l'ingénieur retraité thionvillais a obtenu un rendez-vous à l'Ambassade d'Égypte à Paris, le 5 septembre de la même année, pour remettre son dossier à la Directrice du Service culturel de l'ambassade et, par cet intermédiaire, à Zahi Hawass, secrétaire général du Conseil suprême des Antiquités égyptiennes.
Mais qu'est-il advenu de cette démarche ? Quelles en ont été les suites ?
Le mystère - un de plus ! - demeure...
Merci aux éditions Miroirs du Sud qui m'ont aimablement autorisé à reproduire les illustrations de cette note, extraites du livre de Michel Legros-Collard.
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