mardi 27 novembre 2018

Les "fameuses pyramides" et les "monnaies de Sphynx", selon Edme Mentelle (XVIIe s.)


Extrait de Choix de lectures géographiques et historiqes [sic]. Tome 4, présentées dans l'ordre qui a paru le plus propre à faciliter l'étude de la géographie de l'Asie, de l'Afrique & de l'Amérique, par Edme Mentelle (1730-1816),
géographe français. 
Après des études au collège de Beauvais, il s'adonna d'abord à la poésie légère et au théâtre. Se consacrant ensuite à l'étude de la géographie et de l'histoire, il fut nommé, en 1760, professeur de ces deux sciences à l'École militaire. Pendant les trente années que dura son enseignement à cette école, il publia une série de manuels d'histoire et de géographie qui firent connaître son nom du public. (source)
Edme Mentelle
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"Je ne puis m'étendre sur ce qui concerne l'Égypte, au point d'en donner une connaissance exacte ; mais je ne crois pas devoir terminer cet article sans dire un mot des fameuses pyramides qui se trouvent à quelque distance à la gauche du Nil, un peu au Sud de l'endroit où l'on croit qu'était l'ancienne Memphis.
On voit trois pyramides près l'une de l'autre. La plus grande mesurée par M. de Niébuhr, a de hauteur perpendiculaire 440 pieds : la ligne qui irait de sa base au sommet, 710 pieds. Comme cette pyramide est sur une colline élevée de 100 pieds au-dessus du lit du Nil, il s'ensuit que le haut de la grande pyramide est de 640 pieds plus élevé que le bord du fleuve. Cette pyramide renferme dans son intérieur un puits, un long corridor, plusieurs chambres (1).
M. de Niébuhr a remarqué que les pyramides étaient bâties d'une pierre calcaire, dans laquelle on trouve une sorte de pétrification de la grandeur à peu près d'un ducat, mais beaucoup plus épaisse : les Arabes les nomment monnaies de Sphynx, sans doute à cause de la figure qui en approche. 

Il s'y trouve aussi une autre sorte de pétrification grosse comme une lentille. Lorsque Strabon visitait l'Égypte, on lui avait dit que ces petites pétrifications s'étaient formées des miettes qu'avaient laissé tomber en mangeant les ouvriers des pyramides ; et en rapportant ce conte populaire, il ajoute, "ce qui paraît très vraisemblable", au lieu de voir dans ce fait d'histoire naturelle un témoignage bien plus sur de l'ancienneté de l'Égypte, que tout ce qu'avaient pu lui en rapporter les Prêtres les mieux instruits ; car les rochers sur lesquels reposent les pyramides sont de cette même pierre : dans la haute Égypte près de la Nubie , il passe pour constant qu'elles sont de granit.
Assez près des pyramides est une figure de Sphynx, en partie enfoncée en terre. La hauteur de toute sa tête est de 17 pieds : en y joignant celle de son cou, qui est de 10 pieds 6 pouces, on aura 27 pieds 6 pouces pour la hauteur de son cou et celle de la tête au-dessus du sable. On rapporte que le dessus de la tête est creusé jusqu'à une certaine profondeur.
À quatre lieues au Sud de ces pyramides, est le village de Saccara, auprès duquel on trouve aussi des pyramides, moins hautes cependant que les précédentes. À vingt pas environ de l'angle Nord-Est d'une de ces pyramides, qui est formée de cinq assises de pierres posées les unes sur les autres, on voit un trou d'environ 30 pieds de profondeur ; on l'appelle vulgairement le puits des Oiseaux. Il renferme dans son intérieur de très beaux hiéroglyphes." 


(1) Depuis le retour de M. de Niébur, on a découvert dans cette pyramide une chambre, qui avait été ignorée jusqu'alors.