jeudi 18 mars 2010

Aspects du chantier des pyramides de Guizeh, tel que décrit par J.S. Perring (XIXe s.)

J.S. Perring (Wikimedia commons)
L'ingénieur, égyptologue et anthropologue britannique John Shae Perring, ingénieur (1813-1869) fit équipe avec le colonel Howard Vyse pour la fouille des pyramides de la région memphite. Ses observations ont donné naissance à l'ouvrage The pyramids of Gizeh, from actual survey and admeasurement illustrated by notes and references to the several plans, with sketches taken on the spot, by E.J. Andrews, 1839, dans lequel Andrews joue le rôle complémentaire de reporter et d'illustrateur, alors que Perring est bien l'auteur des informations et illustrations techniques (description du site et de la Grande Pyramide, théorie sur les techniques de construction, schéma topographique et dessins des éléments intérieurs de la pyramide).
Vous trouverez ci-dessous le résumé que je vous propose de cet ouvrage dont l'intégralité du texte peut être consultée ici.


Les pyramides de Guizeh se situent sur un socle rocheux, au nord-ouest de l'ancienne Memphis, qui a abondamment servi de carrière pour la construction des pyramides et des bâtiments adjacents, l'emplacement ainsi creusé ayant par la suite été utilisé comme cimetière.
La chaussée nord de la Grande Pyramide est celle décrite par Hérodote. Aujourd'hui, il ne reste plus rien des "marbres polis et ornés de figures d'animaux". Des vestiges de seulement la moitié de cette chaussée sont encore visibles, ainsi que quelques traces dans les champs cultivés dans le prolongement.
Quant à la chaussée sud, elle ne paraît pas avoir le moindre lien direct avec la route construite à partir de la face est de la Troisième Pyramide, mais plutôt avoir été utilisée pour l'évacuation des pierres extraites du rocher saillant côté ouest : un pont semble indiquer qu'un canal passait auparavant par là.
La Grande Pyramide est attribuée à Suphis qui est supposé avoir vécu 2100 ans av. J.-C. La plus grande partie des blocs de pierre qui la composent a été extraite du rocher sur lequel elle a été construite. Les blocs sont grossièrement équarris, mais mis en place en assises régulières, dont la hauteur varie de 4 pieds 10 pouces à 2 pieds 2 pouces.

Partout où ces assises (courses) sont exposées à la vue, comme sur la plate-forme au sommet de l'édifice, dans la Chambre de la Reine et le couloir qui y conduit ou encore en d'autres endroits aux angles extérieurs, des trous circulaires peuvent être observés : de 8 pouces environ de diamètre et de 4 pouces de profondeur, ils ont apparemment été creusés pour l'installation des machines mentionnées par Hérodote et ayant, selon lui, servi à élever les blocs de pierre d'une assise à l'autre. Ces machines présentent des similitudes avec le polyspaston que décrira Vitruve, quelque 350 années après Hérodote
Les blocs de revêtement et ceux qui sont apparents dans les chambres et les couloirs sont du calcaire compact, avec peu de traces de fossiles. Les géologues l'appellent swinestone (pierre de cochon) ou stinkstone (pierre qui pue), car il émet une odeur fétide lorsqu'on le frappe. Il a été transporté du mont Moqattam, sur le côté Arabique de la vallée du Nil. Par contre, les blocs extraits du côté Libyque, là où les pyramides sont situées, ont une texture granuleuse et non compacte, du fait de la présence en abondance de fossiles marins. Ils ne sont pas adaptés à une mise en œuvre précise et sont sujets à désintégration.
La préparation des blocs a vraisemblablement été peaufinée au pied de la pyramide, côté nord, là où plusieurs rangées, distantes de 4 ou 5 pieds, de 3 ou 4 trous circulaires d'environ 12 pouces de diamètre et 10 pouces de profondeur, servaient apparemment à l'installation de dispositifs pour la manutention, le déplacement et la taille finale des blocs.
Le mortier utilisé pour les blocs de revêtement et dans les couloirs étaient à base de chaux ; par contre, dans le corps de la pyramide, il était composé de brique rouge, de gravier, de terre du Nil et de granit concassé, ou bien de pierre calcaire et de chaux. En certains endroits, les bâtisseurs ont également utilisé un mortier liquide à base de sable du désert et de gravillons.
Les joints des blocs de revêtement découverts à la base de la face nord, ainsi que ceux des chambres du Roi et de la Reine et ceux des couloirs sont si foins qu'ils sont à peine perceptibles.
La partie de revêtement toujours en place au sommet de la Seconde Pyramide montre comment les bâtisseurs égyptiens procédaient. Ce revêtement, en pierres grossièrement équarries pour leur donner l'angle requis, était construit en couches (layers) horizontales correspondant aux assises de la pyramide. Les angles (angular projections) ou les bords supérieurs des pierres étaient ensuite taillés (trimmed), à partir du haut, pour former finalement une surface lisse et uniforme
Les entailles sur les côtés de la Grande Galerie avaient probablement été prévues pour l'insertion de leviers ou de traverses lors de la manœuvre de transport du sarcophage royal vers la chambre supérieure. Après quoi, certaines ont été rebouchées. Quant aux longues rainures (grooves) qui courent tout le long de chaque côté de la galerie, il est difficile de leur assigner leur réelle raison d'être : elles sont grossièrement taillées et, par conséquent, n'ont pu être utilisées pour recevoir une plate-forme "glissante" (sliding platform). Peut-être étaient-elles destinées à recevoir un échafaudage pour faciliter la tâche des ouvriers chargés des finitions sur les murs de la galerie.
Dans la chambre intermédiaire [Chambre de la Reine] et le couloir horizontal qui y mène, les ouvriers ont dû stocker les blocs destinés à boucher le couloir ascendant au terme de la construction de la pyramide. Après cette opération, ils ont quitté la pyramide par le puits au sommet duquel une pierre a dû être placée.

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