L'historien, d'origine grecque, Ammien Marcellin (v.330-335 - v.395) a écrit son Histoire en latin. Je propose donc de faire honneur à cette langue avec, en seconde partie du texte ci-dessous, sa version originale.
Ce texte est extrait de l'ouvrage Ammien Marcellin ou les dix-huit livres de son Histoire qui nous sont restés, tome second, 1778 (traduction : Guillaume de Moulines (1728-1802)
"On voit encore dans ce pays [Égypte] bien des choses dignes d'être observées, et dont il convient de dire un mot.
Les temples en sont partout d'une structure immense. On met ses pyramides au nombre des sept merveilles. Hérodote nous instruit de la longueur du temps et des difficultés qu'il a fallu surmonter pour les bâtir. Ce sont des tours portées à une hauteur qui surpasse tout ce qu'on peut imaginer de l'industrie humaine ; très larges à leurs bases, elles s'élèvent et finissent en pointes fort aiguës.
Cette figure est nommée pyramide par les géomètres : parce que semblable à la flamme, elle se termine en ce qu'on appelle un cône. Comme ces pyramides diminuent insensiblement en montant, par une raison toute mécanique elles ne répandent point d'ombre.
Il y a encore des espèces d'antres et de longs détours souterrains. Des hommes instruits des anciens rites religieux construisirent, à ce qu'on croit, ces retraites pour empêcher que la mémoire des cérémonies ne se perdît sur la terre, par le déluge qu'ils savaient n'être pas éloigné. Ils gravèrent sur les murailles de ces voûtes ce qu'ils appelèrent des caractères hiéroglyphiques qui n'étaient que les figures de diverses espèces d'oiseaux et d'animaux.
On trouve aussi dans ce pays la ville de Syene, où dans le solstice d'été, les rayons du Soleil environnent tous les objets qui sont droits, et ne permettent pas à l'ombre de sortir des corps ; de sorte que si vous fichez un bâton en terre, ou si vous considérez un homme ou un arbre debout, vous verrez que les ombres se perdent vers l'extrémité des traits, comme on dit que cela arrive à Meroé, partie de l'Éthiopie qui avoisine le plus le cercle équinoxial ; pendant quatre-vingts jours, les ombres y tombent dans un sens contraire au nôtre ; ce qui a fait donner à ses habitants le nom d'Antisciens. Mais ces merveilles sont en si grand nombre qu'on ne saurait s'y arrêter sans s'écarter beaucoup du but de cet ouvrage ; nous les abandonnons donc aux recherches de génies supérieurs, pour dire présentement un mot des Provinces de ce pays."
28. Multa in illis tractibus pretium est operae maximum cernere. e quibus pauca conveniet explicari. templa ubique molibus magnis exstructa. Pyramides ad miracula septem provectae, quarum diuturnas surgendi difficultates scriptor Herodotus docet, ultra omnem omnino altitudinem, quae humana manu confici potest, erectae sunt turres, ab imo latissimae in summitates acutissimas desinentes.
29. Quae figura apud geometras ideo sic appellatur quod ad ignis speciem, tou pyros, ut nos dicimus, extenuatur in conum. quarum magnitudo quoniam in celsitudinem nimiam scandens gracilescit paulatim, umbras quoque mechanica ratione consumit.
30. Sunt et syringes subterranei quidam et flexuosi secessus, quos, ut fertur, periti rituum vetustorum adventare diluvium praescii, metuentesque, ne caerimoniarum oblitteraretur memoria, penitus operosis digestos fodinis per loca diversa struxerunt, et excisis parietibus volucrum ferarumque genera multa sculpserunt, et animalium species innumeras multas, quas hierographicas litteras appellarunt ...
31. Dein Syene, in qua solstitii tempore, quo sol aestivum cursum extendit, recta omnia ambientes radii excedere ipsis corporibus umbras non sinunt. Inde si stipitem quisquam fixerit rectum vel hominem aut arborem viderit stantem, circa lineamentorum ipsas extremitates contemplabitur umbras absumi, sicut apud Meroen Aethiopiae partem aequinoctiali circulo proximam dicitur evenire, ubi per nonaginta dies umbrae nostris in contrarium cadunt, unde Antiscios eius incolas vocant.
32. Quae quoniam miracula multa sunt opusculi nostri propositum excedentia, ad ingenia celsa paramus, pauca super provinciis narraturi.
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