Au cours d'un voyage qui lui permit de découvrir le Moyen-Orient, le magistrat et écrivain brésilien Marcos Antonio de Macedo (1808-1872) fit halte en Égypte.
Dans son ouvrage Pèlerinage aux Lieux Saints, suivi d'une excursion dans la Basse Égypte, en Syrie et à Constantinople, 1867, il relate brièvement sa visite du site des pyramides de Guizeh. Il y manifeste son admiration, mais aussi les questions qu'il se pose sur l'"amas de conjectures" liées aux dates de fondation des pyramides.
Pour lui, en tout cas, Khéops "repose en paix, à l'abri de toute profanation", au cœur de sa pyramide.
Je note aussi cet élan généreux de l'auteur, inspiré par les dégradations qu'ont subies les pyramides, notamment celle de Khéops : "Si j'avais entre les mains le pouvoir suprême de l'Égypte, je n'hésiterais pas à [la] faire réparer."
La pyramide de Chéops mesure une hauteur de cent quarante-deux mètres, sur une largeur de deux cent trente-trois mètres à la base. Ce monument, vrai prodige du pouvoir humain, est non seulement le colosse le plus considérable de l'Égypte, mais du monde entier.
Jusqu'au règne de Méhémet-Ali, il souffrit seulement des dégradations causées par les injures du temps et des voyageurs ; mais ce hardi vice-roi eut la fâcheuse idée de le démolir. Aucune considération ne l'arrêta, et il commença son œuvre de destruction par la pointe de la pyramide, c'est-à-dire par où Chéops l'avait finie. Heureusement, la mort de ce prince barbare l'arrêta dès le commencement de l'exécution de son exécrable dessein.
Si j'avais entre les mains le pouvoir suprême de l'Égypte, je n'hésiterais pas à faire réparer un édifice qui représente le pouvoir et la gloire des premiers hommes et fait l'admiration des siècles.
Placé sur le sommet de la pyramide, on est à même d'observer la régularité parfaite que présentent les quatre faces. Les interstices des gradins étaient primitivement comblés et revêtus d'un enduit calcaire, pareil à celui que l'on voit encore dans la partie supérieure de la pyramide de Chéphrem, la seconde en grandeur, et érigée peu de temps après celle de Chéops.
On y pénètre par une ouverture fort étroite, pratiquée à une certaine hauteur de la base. Cette ouverture, en forme de tuyau carré, construite de monolithes ou de blocs dont les jointures sont imperceptibles tant elles sont parfaites, descend diagonalement jusqu'à la base, où il y a un vaste salon, servant de lieu de repos ; de là, on remonte par une autre rampe, et ainsi de suite jusqu'au centre de la pyramide, où est placée la chambre de Chéops. Cette chambre, malgré l'énorme poids qu'elle porte depuis cinq mille cinq cents ans, n'a pas fléchi. Chéops y repose en paix depuis ce temps, à l'abri de toute profanation. Les précautions les plus minutieuses ont été prises pour le cacher dans sa maison éternelle. Le sarcophage se trouve au milieu de la chambre ; il a été taillé d'un seul bloc de granit colossal, parfaitement poli et travaillé, sans aucune ornementation ni gravure. La chambre du sarcophage de Chéops était tellement cachée et les conduits si bien bouchés, qu'elle n'a été trouvée, dit-on , en dépit des recherches, qu'au temps du calife Al-Mamoun ou de son père Haroun-al-Raschid.
Faute de preuves, les historiens n'ont pu préciser la date certaine de la fondation des pyramides. Ils les croyaient plus modernes qu'elles ne le sont en réalité. Les détails que donne Hérodote sur l'érection de la grande pyramide sont basés sur la tradition recueillie par des prêtres, intéressés à tourner les événements dans le sens de leurs idées et de leurs vues. Il a été amené à dire des choses incroyables, telles que la résolution prise par Chéops de prostituer sa fille, comme moyen de gagner des secours à l'œuvre de l'achèvement de son sépulcre. Par les écrits fondés sur les traditions orales, on peut obtenir quelques renseignements intéressants ; mais quant aux dates d'une précision mathématique, il ne faut pas les chercher ailleurs que dans les inscriptions originales ou dans d'autres documents synchroniques. Les erreurs dans lesquelles nous induit la tradition sont parfois considérables.
On croyait que la fondation des pyramides égyptiennes était postérieure à l'ère de la vocation d'Abraham : selon les calculs de M. Lepsius, la pyramide de Sakkarah aurait été érigée à une époque antérieure même à celle que la chronologie sacrée fixe pour la création du monde, puisqu'elle aurait au moins sept mille ans. Cette pyramide, selon toute probabilité, serait le plus ancien monument subsistant sur la terre. Bâtie en gradins composés d'épaulements recouverts d'une enveloppe, elle présente l'aspect le plus étrange. Selon M. Brugsch, c'est la pyramide de Kochomeb, laquelle fut bâtie par le quatrième roi de la première dynastie.
Ce que disent ces deux grandes autorités sur la fondation de la pyramide de Sakkarah est encore obscurci par un amas de conjectures, car ils n'ont pas trouvé une base solide pour asseoir leur calcul ; mais les merveilleuses découvertes que vient de faire M. Mariette, le doyen de l'archéologie égyptienne, sont de telle nature qu'on ne peut plus révoquer en doute l'époque de la fondation de la grande pyramide de Gyzeh. Ce savant a trouvé et déchiffré une inscription dans laquelle sont mentionnées les constructions faites par Chéops, ainsi que les réparations d'anciens monuments. Donc cette pyramide, selon M. Mariette, et d'après son inscription, aurait été érigée quatre mille cinq cents ans avant Jésus-Christ.
Vers la même époque, Chéops aurait réparé le sphinx colossal qui se trouve au pied de la grande pyramide, vers la plaine et sur le penchant de la chaîne Libyque.
Cette statue étrange a cent soixante-dix-sept pieds de longueur, mesurée de la queue à la tête. Elle est fort endommagée, mais on peut très bien distinguer tout le profil et les grandes lignes de la construction primitive.
Heureusement il se trouve au musée de Boulâc la stèle découverte par M. Mariette, représentant l'image complète de cet être, regardé par les savants comme la première idole adorée par les hommes, et qui subsiste encore sur ses assises primitives."
Dans son ouvrage Pèlerinage aux Lieux Saints, suivi d'une excursion dans la Basse Égypte, en Syrie et à Constantinople, 1867, il relate brièvement sa visite du site des pyramides de Guizeh. Il y manifeste son admiration, mais aussi les questions qu'il se pose sur l'"amas de conjectures" liées aux dates de fondation des pyramides.
Pour lui, en tout cas, Khéops "repose en paix, à l'abri de toute profanation", au cœur de sa pyramide.
Je note aussi cet élan généreux de l'auteur, inspiré par les dégradations qu'ont subies les pyramides, notamment celle de Khéops : "Si j'avais entre les mains le pouvoir suprême de l'Égypte, je n'hésiterais pas à [la] faire réparer."
M.A. de Macedo est le 4e au 1er rang à partir de la droite
Cette photo illisible est la seule de l'ouvrage
"...je parcourus l'intérieur de la pyramide [la Grande Pyramide], et je vis ce qu'il y avait à voir, feignant la même absence de terreur qu'au moment de mon entrée dans le souterrain. Je ne pouvais pourtant me débarrasser de cette pensée funeste qu'il pourrait bien m'arriver d'être enseveli dans le mausolée de Chéops.La pyramide de Chéops mesure une hauteur de cent quarante-deux mètres, sur une largeur de deux cent trente-trois mètres à la base. Ce monument, vrai prodige du pouvoir humain, est non seulement le colosse le plus considérable de l'Égypte, mais du monde entier.
Jusqu'au règne de Méhémet-Ali, il souffrit seulement des dégradations causées par les injures du temps et des voyageurs ; mais ce hardi vice-roi eut la fâcheuse idée de le démolir. Aucune considération ne l'arrêta, et il commença son œuvre de destruction par la pointe de la pyramide, c'est-à-dire par où Chéops l'avait finie. Heureusement, la mort de ce prince barbare l'arrêta dès le commencement de l'exécution de son exécrable dessein.
Si j'avais entre les mains le pouvoir suprême de l'Égypte, je n'hésiterais pas à faire réparer un édifice qui représente le pouvoir et la gloire des premiers hommes et fait l'admiration des siècles.
Placé sur le sommet de la pyramide, on est à même d'observer la régularité parfaite que présentent les quatre faces. Les interstices des gradins étaient primitivement comblés et revêtus d'un enduit calcaire, pareil à celui que l'on voit encore dans la partie supérieure de la pyramide de Chéphrem, la seconde en grandeur, et érigée peu de temps après celle de Chéops.
On y pénètre par une ouverture fort étroite, pratiquée à une certaine hauteur de la base. Cette ouverture, en forme de tuyau carré, construite de monolithes ou de blocs dont les jointures sont imperceptibles tant elles sont parfaites, descend diagonalement jusqu'à la base, où il y a un vaste salon, servant de lieu de repos ; de là, on remonte par une autre rampe, et ainsi de suite jusqu'au centre de la pyramide, où est placée la chambre de Chéops. Cette chambre, malgré l'énorme poids qu'elle porte depuis cinq mille cinq cents ans, n'a pas fléchi. Chéops y repose en paix depuis ce temps, à l'abri de toute profanation. Les précautions les plus minutieuses ont été prises pour le cacher dans sa maison éternelle. Le sarcophage se trouve au milieu de la chambre ; il a été taillé d'un seul bloc de granit colossal, parfaitement poli et travaillé, sans aucune ornementation ni gravure. La chambre du sarcophage de Chéops était tellement cachée et les conduits si bien bouchés, qu'elle n'a été trouvée, dit-on , en dépit des recherches, qu'au temps du calife Al-Mamoun ou de son père Haroun-al-Raschid.
Faute de preuves, les historiens n'ont pu préciser la date certaine de la fondation des pyramides. Ils les croyaient plus modernes qu'elles ne le sont en réalité. Les détails que donne Hérodote sur l'érection de la grande pyramide sont basés sur la tradition recueillie par des prêtres, intéressés à tourner les événements dans le sens de leurs idées et de leurs vues. Il a été amené à dire des choses incroyables, telles que la résolution prise par Chéops de prostituer sa fille, comme moyen de gagner des secours à l'œuvre de l'achèvement de son sépulcre. Par les écrits fondés sur les traditions orales, on peut obtenir quelques renseignements intéressants ; mais quant aux dates d'une précision mathématique, il ne faut pas les chercher ailleurs que dans les inscriptions originales ou dans d'autres documents synchroniques. Les erreurs dans lesquelles nous induit la tradition sont parfois considérables.
On croyait que la fondation des pyramides égyptiennes était postérieure à l'ère de la vocation d'Abraham : selon les calculs de M. Lepsius, la pyramide de Sakkarah aurait été érigée à une époque antérieure même à celle que la chronologie sacrée fixe pour la création du monde, puisqu'elle aurait au moins sept mille ans. Cette pyramide, selon toute probabilité, serait le plus ancien monument subsistant sur la terre. Bâtie en gradins composés d'épaulements recouverts d'une enveloppe, elle présente l'aspect le plus étrange. Selon M. Brugsch, c'est la pyramide de Kochomeb, laquelle fut bâtie par le quatrième roi de la première dynastie.
Ce que disent ces deux grandes autorités sur la fondation de la pyramide de Sakkarah est encore obscurci par un amas de conjectures, car ils n'ont pas trouvé une base solide pour asseoir leur calcul ; mais les merveilleuses découvertes que vient de faire M. Mariette, le doyen de l'archéologie égyptienne, sont de telle nature qu'on ne peut plus révoquer en doute l'époque de la fondation de la grande pyramide de Gyzeh. Ce savant a trouvé et déchiffré une inscription dans laquelle sont mentionnées les constructions faites par Chéops, ainsi que les réparations d'anciens monuments. Donc cette pyramide, selon M. Mariette, et d'après son inscription, aurait été érigée quatre mille cinq cents ans avant Jésus-Christ.
Vers la même époque, Chéops aurait réparé le sphinx colossal qui se trouve au pied de la grande pyramide, vers la plaine et sur le penchant de la chaîne Libyque.
Cette statue étrange a cent soixante-dix-sept pieds de longueur, mesurée de la queue à la tête. Elle est fort endommagée, mais on peut très bien distinguer tout le profil et les grandes lignes de la construction primitive.
Heureusement il se trouve au musée de Boulâc la stèle découverte par M. Mariette, représentant l'image complète de cet être, regardé par les savants comme la première idole adorée par les hommes, et qui subsiste encore sur ses assises primitives."
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