"La Mort de Socrate", par Jacques-Louis David - Metropolitan Museum of Art (Wikimedia commons)
Quelques événements récents sur tel ou tel forum m'ont amené à une réflexion que je vous livre à chaud.
Primo, je pars de ce blog qui, pour beaucoup d'entre vous, est devenu réellement le vôtre, comme outil pour vos propres recherches, comme atout peut-être pour votre propre argumentation.
Ce blog, d'une certaine manière, ne m'appartient pas et je me dois de le servir de mon mieux. Il suffit de parcourir son contenu qui est en très grande partie constitué de textes d'auteurs, de théories exprimées au cours des siècles, de certaines hypothèses contemporaines, de "votre" théorie ou hypothèse peut-être, pour s'apercevoir qu'il n'a de réelle valeur, non pas par d'éventuels points de vue personnels que je serais amené à exprimer (pour autant que je sois apte à cet exercice), mais bien par son contenu "objectif" que je tente de présenter au mieux, et de la manière la plus agréable possible.
Ce blog et le concept qui lui a donné naissance, je me suis engagé à les respecter, moi le premier, sans infléchir cette orientation de base par la manifestation d'opinions ou de préférences personnelles.
Convenez-en, vous qui connaissez l'univers pour le moins complexe de l'égyptologie, et plus spécialement de la "pyramidologie" : c'est un véritable exercice d'équilibriste - sur la corde raide - auquel je me suis condamné.
Situation délicate s'il en est, mais mon expérience dans le journalisme professionnel m'a appris, en plus d'une certaine éthique de l'information, une manière de me comporter en pareilles circonstances.
Pour être plus clair : lorsque je fais mon job de journaliste en tentant de présenter objectivement une théorie, autrement dit en reprenant le plus souvent possible l'argumentation même de l'auteur de ladite théorie, celui-ci peut être amené à penser, dans la mesure où je l'ai "traduit" en utilisant au maximum ses propres termes, que je partage à titre personnel sa perception, son analyse, ses convictions intellectuelles. Or, pour la santé, l'équilibre, la survie et, je me répète, l'"objectivité" de mon blog, il m'est interdit précisément d'y exprimer, voire de simplement suggérer mes convictions et préférences, en termes de rejet ou d'adhésion.
Vous n'êtes pas sans supposer en effet qu'après une bonne année de fréquentation assidue (plusieurs heures de travail par jour) des carrefours d'idées et d'hypothèses sur les techniques mises en oeuvre pour la construction des pyramides, je commence à avoir ma petite ou grande idée sur la question. Disons clairement : mes préférences, pour des motifs de conviction intellectuelle. Mais cela est une autre histoire dont, vous le savez maintenant, rien ne transpirera dans le contenu de "Pyramidales".
Pour en revenir aux "événements" récents sur tel ou tel forum, ils m'ont incité à aller chercher quelque lumière dans ma formation première, au contact des philosophes. Permettez-moi de vous livrer le fruit de cette recherche. Voici notamment les propos que Platon mettait dans la bouche de Socrate (Gorgias ou sur la Rhétorique - XII) :
"J’imagine, Gorgias, que tu as, comme moi, assisté à bien des discussions et que tu y as remarqué une chose, c’est que les interlocuteurs ont bien de la peine à définir entre eux le sujet qu’ils entreprennent de discuter et à terminer l’entretien après s’être instruits et avoir instruit les autres. Sont-ils en désaccord sur un point et l’un prétend-il que l’autre parle avec peu de justesse ou de clarté, ils se fâchent et s’imaginent que c’est par envie qu’on les contredit et qu’on leur cherche chicane, au lieu de chercher la solution du problème à débattre. Quelques-uns même se séparent à la fin comme des goujats, après s’être chargés d’injures et avoir échangé des propos tels que les assistants s’en veulent à eux-mêmes d’avoir eu l’idée d’assister à de pareilles disputes.
Pourquoi dis-je ces choses ? C’est qu’en ce moment, tu me parais exprimer des idées qui ne concordent pas tout à fait et ne sont pas en harmonie avec ce que tu as dit d’abord de la rhétorique. Aussi j’hésite à te réfuter : j’ai peur que tu ne te mettes en tête que, si je parle, ce n’est pas pour éclaircir le sujet, mais pour te chercher chicane à toi-même.
Si donc tu es un homme de ma sorte, je t’interrogerai volontiers ; sinon, je m’en tiendrai là. De quelle sorte suis-je donc ? Je suis de ceux qui ont plaisir à être réfutés, s’ils disent quelque chose de faux, et qui ont plaisir aussi à réfuter les autres, quand ils avancent quelque chose d’inexact, mais qui n’aiment pas moins à être réfutés qu’à réfuter. Je tiens en effet qu’il y a plus à gagner à être réfuté, parce qu’il est bien plus avantageux d’être soi-même délivré du plus grand des maux que d’en délivrer autrui ; car, à mon avis, il n’y a pour l’homme rien de si funeste que d’avoir une opinion fausse sur le sujet qui nous occupe aujourd’hui. Si donc tu m’affirmes être dans les mêmes dispositions que moi, causons ; si au contraire tu es d’avis qu’il faut en rester là, restons-y et finissons la discussion."
(Traduction : Émile Chambry)
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