Que sait-on, via internet, de Pierre Adam d'Origny ? Pas grand-chose sinon qu'il vécut (dates vraisemblables trouvées sur un site de généalogie) de 1697 à 1774 et qu'il était un "militaire distingué" ainsi qu'un "savant écrivain".
Son ouvrage L'Égypte ancienne ou Mémoires historiques et critiques sur les Objets les plus importants de l'Histoire du Grand Empire des Égyptiens, édité en 1762, nous apprend qu'il était Chevalier de l'Ordre royal et militaire de saint Louis, ci-devant Capitaine de grenadiers au Régiment de Champagne.
L'auteur consacre le volume II de cet ouvrage, dont sont extraites les citations ci-dessous, à l'étude de la mythologie et de la théologie égyptiennes, avec d'importants développements sur l'idolâtrie qui aurait été introduite en Égypte par Ménès.
Quoique brefs, les extraits qui suivent sont révélateurs d'un vide d'interprétation des sources des connaissances historiques que devaient prendre en considération les auteurs du XVIIIe siècle. Monuments et hiéroglyphes restent muets. Dans un tel contexte, on appréciera la rigueur intellectuelle de Pierre Adam d'Origny lorsqu'il se refuse à tout "système" et à toute "conjecture", sans se laisser aveugler par son évidente égyptophilie. D'où cette règle d'or : faire place aux "faits", donner la parole aux monuments.
Quant à ses considérations sur l'idolâtrie égyptienne, ce n'est pas ici le lieu de les examiner en détail. Je ne retiendrai donc de l'auteur que sa belle leçon d'exégèse de la pierre.
"Il faut avouer que les historiens de la nation égyptienne nous ont plus instruits que nous ne devions espérer de l'être, puisqu'après avoir fait connaître les grandes divinités, ils nous apprennent encore l'origine de la déification des animaux : prétendrait-on qu'ils eussent dû indiquer la victoire remportée par les Thébains qui les a engagés à adorer le bélier ; quels ennemis les Mendéciens et les Lycopolitains avaient vaincus, quand ils se déterminèrent à adorer, par reconnaissance, les premiers le bouc, et les autres le chien, etc. ?
L'histoire particulière de ces événements se lirait sur les pyramides, sur les obélisques, ou dans les tableaux hiéroglyphiques qui décoraient les temples ; mais la plus grande partie de ces superbes et immenses édifices est détruite ; et ceux qui restent, de même que les hiéroglyphes dont ils sont couverts, sont muets pour nous : consolons-nous en ce qu'ils nous apprendraient ne flatterait pas l'esprit humain.
Comme je ne travaille point à former un système, je n'ai point suppléé, par des conjectures, à ce que les auteurs ne m'ont point appris ; ce qu'on ajoute au récit des historiens répand des doutes sur la vérité même la plus constatée.
(...) Le seul système que je me sois fait est de n'en admettre aucun dans l'histoire, et de renoncer à apprendre ce que je ne découvrirai point dans les monuments. Des conjectures, des systèmes n'établissent point des faits. Quelque ingénieux que soient les derniers systèmes produits, ils ne prouvent pas mieux que ceux qui ont été hasardés plutôt, et qu'ils ont détruits : ils seront de même anéantis, à leur tour, par ceux qu'on pourrait imaginer encore. Cette voie ne sera cependant point abandonnée ; elle est plus commode que la recherche, l'examen et la comparaison des monuments.
(...) Les Égyptiens fixés dans un pays fortifié par la nature, y furent rarement troublés : ils y jouissaient de toutes les espèces de biens, et avec abondance ; de sorte que sans aucun motif de porter envie à leurs voisins, ils devinrent les plus pacifiques de tous les hommes, et les plus attachés à la patrie. N'ayant rien à craindre ni à désirer, ils s'attachèrent aux sciences et aux arts ; et ils ont été les premiers philosophes, les premiers mathématiciens, les premiers architectes, etc.
Toutes les nations étaient encore ensevelies dans la barbarie, que les Égyptiens s'étaient donné des régies pour la construction des édifices ; qu'ils avaient exécuté de ces entreprises toujours traversées par des obstacles étrangers ; qu'ils avaient imaginé d'élever des pyramides ; de construire des temples superbes ; toutes sortes de bâtiments somptueux, utiles à la société ; enfin ces obélisques qui ont fait, à si juste titre, l'étonnement de tous les siècles, et que nous admirons encore aujourd'hui.
(...) L'Égypte montre encore aujourd'hui partout des monceaux de ruines, restes d'édifices dont on ignore les auteurs et l'usage. On est incertain si ceux qui subsistent en partie étaient, les uns des temples, d'autres des tombeaux. Il y a encore plusieurs pyramides ; et les historiens qui en parlent ne s'accordent, ni sur leurs auteurs, ni sur les fables qu'ils substituent à l'histoire de leur construction.
Son ouvrage L'Égypte ancienne ou Mémoires historiques et critiques sur les Objets les plus importants de l'Histoire du Grand Empire des Égyptiens, édité en 1762, nous apprend qu'il était Chevalier de l'Ordre royal et militaire de saint Louis, ci-devant Capitaine de grenadiers au Régiment de Champagne.
L'auteur consacre le volume II de cet ouvrage, dont sont extraites les citations ci-dessous, à l'étude de la mythologie et de la théologie égyptiennes, avec d'importants développements sur l'idolâtrie qui aurait été introduite en Égypte par Ménès.
Quoique brefs, les extraits qui suivent sont révélateurs d'un vide d'interprétation des sources des connaissances historiques que devaient prendre en considération les auteurs du XVIIIe siècle. Monuments et hiéroglyphes restent muets. Dans un tel contexte, on appréciera la rigueur intellectuelle de Pierre Adam d'Origny lorsqu'il se refuse à tout "système" et à toute "conjecture", sans se laisser aveugler par son évidente égyptophilie. D'où cette règle d'or : faire place aux "faits", donner la parole aux monuments.
Quant à ses considérations sur l'idolâtrie égyptienne, ce n'est pas ici le lieu de les examiner en détail. Je ne retiendrai donc de l'auteur que sa belle leçon d'exégèse de la pierre.
"Il faut avouer que les historiens de la nation égyptienne nous ont plus instruits que nous ne devions espérer de l'être, puisqu'après avoir fait connaître les grandes divinités, ils nous apprennent encore l'origine de la déification des animaux : prétendrait-on qu'ils eussent dû indiquer la victoire remportée par les Thébains qui les a engagés à adorer le bélier ; quels ennemis les Mendéciens et les Lycopolitains avaient vaincus, quand ils se déterminèrent à adorer, par reconnaissance, les premiers le bouc, et les autres le chien, etc. ?
L'histoire particulière de ces événements se lirait sur les pyramides, sur les obélisques, ou dans les tableaux hiéroglyphiques qui décoraient les temples ; mais la plus grande partie de ces superbes et immenses édifices est détruite ; et ceux qui restent, de même que les hiéroglyphes dont ils sont couverts, sont muets pour nous : consolons-nous en ce qu'ils nous apprendraient ne flatterait pas l'esprit humain.
Comme je ne travaille point à former un système, je n'ai point suppléé, par des conjectures, à ce que les auteurs ne m'ont point appris ; ce qu'on ajoute au récit des historiens répand des doutes sur la vérité même la plus constatée.
(...) Le seul système que je me sois fait est de n'en admettre aucun dans l'histoire, et de renoncer à apprendre ce que je ne découvrirai point dans les monuments. Des conjectures, des systèmes n'établissent point des faits. Quelque ingénieux que soient les derniers systèmes produits, ils ne prouvent pas mieux que ceux qui ont été hasardés plutôt, et qu'ils ont détruits : ils seront de même anéantis, à leur tour, par ceux qu'on pourrait imaginer encore. Cette voie ne sera cependant point abandonnée ; elle est plus commode que la recherche, l'examen et la comparaison des monuments.
(...) Les Égyptiens fixés dans un pays fortifié par la nature, y furent rarement troublés : ils y jouissaient de toutes les espèces de biens, et avec abondance ; de sorte que sans aucun motif de porter envie à leurs voisins, ils devinrent les plus pacifiques de tous les hommes, et les plus attachés à la patrie. N'ayant rien à craindre ni à désirer, ils s'attachèrent aux sciences et aux arts ; et ils ont été les premiers philosophes, les premiers mathématiciens, les premiers architectes, etc.
Toutes les nations étaient encore ensevelies dans la barbarie, que les Égyptiens s'étaient donné des régies pour la construction des édifices ; qu'ils avaient exécuté de ces entreprises toujours traversées par des obstacles étrangers ; qu'ils avaient imaginé d'élever des pyramides ; de construire des temples superbes ; toutes sortes de bâtiments somptueux, utiles à la société ; enfin ces obélisques qui ont fait, à si juste titre, l'étonnement de tous les siècles, et que nous admirons encore aujourd'hui.
(...) L'Égypte montre encore aujourd'hui partout des monceaux de ruines, restes d'édifices dont on ignore les auteurs et l'usage. On est incertain si ceux qui subsistent en partie étaient, les uns des temples, d'autres des tombeaux. Il y a encore plusieurs pyramides ; et les historiens qui en parlent ne s'accordent, ni sur leurs auteurs, ni sur les fables qu'ils substituent à l'histoire de leur construction.
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