illustration extraite de l'ouvrage de François Daumas |
Cette masse parfaitement équilibrée et harmonieuse a étonné plus tard tous les visiteurs et a induit les imaginations à prendre le large. Hérodote, d'habitude si exact, colporte ici tous les ragots incontrôlés qui lui ont été débités sur l'impiété du roi et la fermeture des temples. Les historiens arabes divaguent à son sujet. Ils ont pourtant été largement surpassés par quelques modernes, qui ont réussi à y lire une anticipation de l'histoire générale ou à y voir un compendium de la science universelle. Ils s'arrêtent malheureusement toujours au moment où les choses deviendraient intéressantes : ils n'ont par exemple jamais réussi à y déchiffrer le futur ou des lois scientifiques qui attendent encore d'être découvertes. (...)
Ce qui frappe dans (l')art de construire à l'Ancien Empire, c'est avant tout la recherche constante de l'éternel. Pierre d'abord, puis éléments de construction ; blocs énormes, piliers, pâtés de maçonnerie, tout est calculé pour durer. Si, peu à peu, un souffle plus humain se fait sentir dans les temples de la Ve dynastie, ce n'est jamais au détriment de la solidité. C'est plutôt la traduction de la sécurité qui règne dans une organisation sociale supposée inébranlable, comme l'ordre même du monde. Alors la lourde sévérité des constructions de jadis se détend un peu et les monuments s'aèrent. Jamais, par la suite, l'Égypte ne renoncera à la conquête de la durée infinie, mais jamais non plus elle ne mettra en oeuvre pour l'atteindre des moyens aussi grandioses qu'à l'Ancien Empire."